De Tehran a Erevan
De Dizin (dans les montagnes au nord de la capitale), nous repartons vers Tehran, d'ou nous prendrons la route le lendemain vers le Nord Ouest de l'Iran.
On compte revenir pas trop tard en ville pour aller diner avec 3 Iraniens qu'on a rencontres en arrivant en haut des pistes la veille, mais c'est sans compter sur la date : on est le 13eme jour de l'annee, et c'est traditionnellement LE jour ou TOUS les Iraniens sortent de chez eux pour aller picniquer a la campagne... Et ce jour la, on compte rentrer en voiture dans Tehran vers 18h...
Au lieu d'une heure, on mettra 4 heures a avancer au pas sur les routes de montagne blindees de voitures, Paykan et Peugeot en tete, circulant de front sur les toutes les voies de la chaussee (ne laissant aucune chance a ceux qui vont dans l'autre sens...), a se faire devisager encore un peu plus que d'habitude par toutes les familles voisines. L'ambiance reste bonne : malgre tous les cadavres de voiture arretes sur le côté de la côte, capot ouvert, pas mal de djeuns dansent sur le bord de la route, musique a fond et certaines filles les cheveux a l'air... (phenomene hyper rare!)
Malgre tout, on arrive a Tehran pour la soiree et on se fait inviter a diner par 3 gentils garcons, pilotes et tehniciens dans le domaine des avions. Soiree bien cool, bien qu'on fasse bien attention a ce qu'on dit, ne cernant pas bien leurs idees sur la societe iranienne.
Lendemain, route vers l'Ouest!
Qazvin d'abord, et les vallees des chateaux de assassins : verdure, torrents, arbres en fleurs... le bonheur! Les paysages ont desormais definitivement bien change par rapport aux regions plus au sud.
Dans les allees, on se fait arreter par les passants, curieux de nous voir dans le coin. Certains parlent anglais, d'autres non, mais l'ambiance est bonne...
Sur la plage de galets sur laquelle on arrive, on fait connaissance avec un poisson prehistorique echoue (on comprendra qu'il s'agit en fait d'un esturgeon!) puis avec une bande de pecheurs, qui nous invitent a prendre le the. On se compred difficilement, mais on comprend en tous cas que les Mollahs (ils font un signe de turban autour de la tete en rigolant tres fort) et leurs lois a la con, ca leur fait un belle jambe et que ca les empeche pas de picoler un bon coup...
On passe la frontiere le 8 avril, d'Iran vers l'Armenie, apres avoir longe pendant une soixantaine de km la frontiere avec l'Azerbaidjan (zone plutot chaude, l'Armenie et l'Azerbaidjan se sont battus il y a quelques annees pour des questions territoriales).
La scene est assez impressionnante : le (seul) poste frontiere se trouve sur les flots tumultueux de l'Araxe, ex-frontiere entre l'Iran et l'URSS et encaissé dans des montagnes dechiquetees. Au moment ou on approche la zone, l'orage eclate et les monstrueux nuages noirs nous deversent des seaux d'eau sur la tete tandis qu'une lumiere jaune traverse les trombes de grele et eclaire les falaises qui nous surplombent, et nous pauvres gus, on court a gauche a droite pour attraper tous les tampons necessaires...
On est enfin autorises a traverser : on double alors les camions iraniens qui font la longue queue pour passer de l'autre cote du pont, ou attendent des soldats, des herses et des bergers allemands, d'autant plus que ces soldats ne sont pas armeniens, mais russes! Ambiance James Bond a mort!
Apres moult attente (le soldat russe qui monte la garde al'extremite du pont refuse d'ailleurs negligemment les cookie de Fabienne...), on obtient le visa et on se fait fouiller la voiture de fond en combles, ce qui ne s'averera finalement qu'une grosse comedie pour nous extirper 3 ou 4 dollars...
La frontiere a beau etre une ligne imaginaire, le choc est terrible : l'Iran et l'Armenie sont 2 pays completement differents, mais alors completement differents. Les paysages de l'autre cote de l'Araxe sont vertigineux, alpins, verts, enfin rien a voir avec la region de Tabriz... Les villes sont lugubres, glauques : l'architecture sovietique a detruit tout ce qu'il pouvait y avoir de vieux village a coup de beton arme. Pas de vie, pas de commerce, trop peu de monde dans les rues : ca change par rapport aux bazaars iraniens!
Seul point positif : les femmes et les filles sont devoilees, et ca, ca fait plaisir a voir!